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HENRI-GEORGES CLOUZOT, MYSTÉRIEUX ITINÉRAIRE D'UN "CHERCHEUR ABSOLU" [i]

[i]Le Mystère Clouzot, dir. HERPE Noël, (cat. exp., Paris, La Cinémathèque française, 8 novembre 2017-29 juillet 2018), Paris, LIENART / La Cinémathèque française, 2017, p. 8.

« Le Mystère Clouzot », commissaire : Noël Herpe, 

Cinémathèque française, 8 novembre 2017-29 juillet 2018.

Visuel de l’exposition « Le Mystère Clouzot » à la Cinémathèque française.

Photogramme du film L’Enfer en 1964 avec

Romy Schneider.

L’exposition « Le Mystère Clouzot » (titre en référence à son célèbre film Le Mystère Picasso de 1956 avec l’artiste espagnol qui démontre son talent face à la caméra) à la Cinémathèque française du 8 novembre 2017 au 29 juillet 2018 rend hommage au réalisateur à l’occasion du quarantième anniversaire de son décès.

Cette rétrospective se concentre essentiellement sur sa figure singulière de cinéaste, « à la croisée des chemins »[i] comme l’évoque Noël Herpe, commissaire de l’exposition, qui soutient un fil conducteur cohérent à l’aide d’une scénographie décloisonnée, malgré les contradictions apparentes de Clouzot. 

Cette initiative de réévaluer la modernité du réalisateur des années 1960 à l’aune de sa production classique des années 1930-1940 intervient par le biais de la vente du Secours Catholique à la Cinémathèque d’un fond d’archives inédits à la suite du décès de sa seconde épouse, Inès Clouzot, en 2012 [ii]. Ces nouveaux documents ici présentés (story-boards, carnets, maquettes de décors, affiches, costumes, photographies de tournage et photographies pour son projet La femme coupée en morceaux [iii]) proposent une rénovation des enjeux réflexifs en se confrontant aux archives de l’INA et de la Cinémathèque. 

L’unique salle de l’exposition peut sembler de prime abord légère pour traiter d’un illustre metteur en scène, mais démontre avec efficacité « un classicisme qui se met en crise » [iv].

En effet, le spectateur s’immisce dans un parcours débutant sur le film mythique et inachevé L’Enfer (1964, avec Romy Schneider et Serge Reggiani) qui expose le génie moderne de Clouzot, tout en puisant dans les références cinématographiques expérimentales des années 1920. Puis il navigue au sein des cinq sections, qui mettent en dialogue les entités classiques et modernes : « Diriger les spectateurs », « Diriger les acteurs », « Diriger les images », « Filmer le geste » (Le Mystère Picasso) et « Réfléchir l’art » (L’Enfer, La Prisonnière de 1968) ; ces deux dernières se répondant face à face et configurant un point névralgique réunissant les trois catégories précédentes. L’ensemble offre un voyage filmographique faisant tomber les barrières du début de carrière et de la fin marquée par les échecs. 

L’exposition retrace toutefois un itinéraire démiurgique au détriment d’une réelle prise en considération des œuvres, comme l’indique Noël Herpe : « Ce n’est pas Clouzot, sa vie, son œuvre qu’il importe décidément de donner à voir. C’est sa dimension la plus forte : le chercheur absolu. » [v] La rétrospective devient donc difficile à appréhender pour des non-initiés au style Clouzot, par son manque d’extraits et de propos scientifiques (cartels et autres supports). Comme il est de coutume, le consultation du catalogue d’exposition est une nécessité pour des connaissances complémentaires et un véritable approfondissement, à l’instar des nombreux événements (projections de films restaurés, conférences) réactivant la figure d’Henri-Georges Clouzot.

 

[i]HERPE Noël, « Le Mystère Clouzot », La Cinémathèque française, 8 novembre 2017, consulté le 17 mars 2018, en ligne : http://www.cinematheque.fr/cycle/le-mystere-clouzot-408.html(vidéo « Le Mystère Clouzot » dans laquelle il présente l’exposition et ses enjeux).

[ii]Le Mystère Clouzot, dir. HERPE Noël, (cat. exp.),op. cit., p. 4-5.

[iii]HERPE Noël, « Le Mystère Clouzot », op. cit.

[iv]Mystère Clouzot, dir. HERPE Noël, (cat. exp.), op. cit., p. 7.

[v]Ibidem, p. 8.

FILMS REALISÉS PAR HENRI-GEORGES CLOUZOT

1931 : La Terreur des Batignolles.

1942 : L’assassin habite au 21 (avec Pierre Fresnay et Suzy Delair).

1943 : Le Corbeau(avec Pierre Fresnay, Ginette Leclerc, Pierre Larquey et Micheline Francey). 

1947 : Quai des Orfèvres (avec Louis Jouvet, Suzy Delair, Bernard Blier, Simone Renant).

1949 : Manon (avec Cécile Aubry, Serge Reggiani, Michel Auclair, Gabrielle Dorziat) et Le Retour de Jean.

1950 : Miquette et sa mère(avec Louis Jouvet, Bourvil et Danièle Delorme) et Brasil(inachevé).

1953 : Le Salaire de la peur (avec Yves Montand et Charles Vanel).

1955 : Les Diaboliques (avec Simone Signoret, Véra Clouzot et Paul Meurisse).

1956 : Le Mystère Picasso.

1957 : Les Espions (avec Curd Jürgens et Peter Ustinov). 

1960 : La Vérité (avec Brigitte Bardot, Charles Vanel, Paul Meurisse et Sami Frey

1964 : L’Enfer (avec Romy Schneider, Serge Reggiani, Dany Carrel et Jean-Claude Berq).

1965-1967 : L’Art de diriger.

1968 : La Prisonnière (avec Laurent Terzieff, Elisabeth Wiener, Bernard Fresson et Dany Carrel).

Vue générale de l’exposition
Mur de l’exposition
Le Mystère Picasso
L’Enfer

Figure 1 – Vue générale de l’exposition

Figure 2 – Mur de l’exposition (photographies de tournages, croquis, affiches)

Figure 3 – Vue de l’exposition : « Filmer le geste ». Projection centrale du film Le Mystère Picasso

Figure 4 – Vue de l’exposition : « Réfléchir l’art ». Projection centrale des rushs de L’Enfer

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